Dès mes études des Beaux Art et de pédagogie de l'Art, rendre la profondeur humaine, but longtemps inatteignable, m'a aiguillonnée.
Mais depuis quelques décennies la recherche sur la limite ténue entre la santé et la maladie est devenue une nouvelle piste de réalisation de mes projets.
Dans ce but, ma découverte d'une médecine subtile était nécessaire à me procurer des informations sur des situations humaines compréhensibles de façon structurée, tout en éveillant mes sens et mon intuition artistique.
C'est la recherche en homéopathie uniciste qui m'a présenté des descriptions détaillées d'attitudes humaines saines ou déréglées.
Le travail de l'homéopathe consiste à découvrir le « fil rouge » qui permet de trouver l'image spécifique du patient dans sa maladie, grâce à la même recherche dans une collection de symptômes évoqués lors d'une expérimentation médicamenteuse.
Dans ces études, le plus singulier de ce que chaque souche médicinale déclenche de spécifique chez l'humain m'intéresse et m'enthousiasme affectivement et comme artiste. Il est pour chacun le miroir de sa recherche de la meilleure stratégie de survie et de maturation.
En effet, loin de provoquer un panorama incohérent chez les expérimentateurs, chaque souche révèle une multitude de symptômes qui peuvent se regrouper et être compris dans le cadre d'un thème clé spécifique.
C'est un portrait de cette synthèse que je veux exprimer artistiquement, la substance constante du remède, ou du patient qui en aurait besoin.
Le terme substance utilisé en homéopathie l'est sous deux acceptions. D'une part la matière souche du produit expérimenté, d'autre part la constante qui fait que ce produit est ce qu'il est, même sous différents aspects et formes. C'est le principe représentant la souche et qui persiste merveilleusement dans l'effet du remède lors de son empreinte sur l'humain.
La recherche qui stimule mon travail artistique est la compréhension de cette substance, de cette permanence, moteur de santé ou maladie dans un cheminement de vie. Elle inspire le concept de mes réalisations créatives, et fonde les sentiments que je matérialise dans mes sculptures. Je suis reconnaissante d'avoir trouvé là une ressource humaine à mon art.
Mes interprétations artistiques se basent principalement sur les travaux des groupes de recherche masistes, dont surtout l'AFADH.
Avant de commencer à chercher une forme de sculpture je résume mon thème dans un texte poétique. Celui-ci reprend souvent les différentes facettes des réactions humaines devant les circonstances vécues, comme celle de l'orgueil ou glorification de soi, ou celle de la destruction de soi, de l'autre, ou celle de l'épanouissement harmonieux….
Dans mes sculptures, j'aborde l'expression analogique du thème profond dans son aspect du potentiel humain plus volontiers que la pathologie correspondante.
Pulsatilla (2007)
Tout lui semble incohérent:
la résonance des mots qui arrivent à ses oreilles,
ce qui l'entoure et les variations d’ambiance.
Son côté gauche ne vit pas ce que ressent le droit.
Comment rendre ainsi toutes choses cohérentes?
Comment s'intégrer et trouver son attachement
à quelqu'un ou à ce monde?
Créer des liens
et cultiver des relations
fait vivre en appartenances.
Castor equi (2005)
Une mère dans l'hiver froid de la séparation
croit aux fleurs printanières de sa fille;
une fille prépare l'adieu à sa mère;
un fils sans engagement, attaché à rien.
Quand la colle de la peur nous fige,
que la confiance en l'inconnu
nous permette le détachement!